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Libération
Disparition

Addio, Claudio Abbado

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Le chef italien majeur, originaire de Milan, est mort hier à Bologne à l’âge de 80 ans.
Claudio Abbado conduisant l'orchestre philharmonique de Berlin Philharmonic à Palerme. (Photo Reuters Photographer / Reuters)
publié le 20 janvier 2014 à 19h36

C’est un magicien des formes et des couleurs qui vient de s’éteindre. Un homme qui croyait au pouvoir transcendantal de son art. Adoré par ses musiciens, Claudio Abbado cultivait une écoute chambriste, incitant non pas à regarder sa gestique ample et élégante, son profil austère et noble, mais les autres pupitres de l’orchestre. On l’a longtemps cru analytique par son respect des accents et valeurs, sa façon tranchante d’inscrire le matériau thématique dans un tempo donné, de ciseler contrastes dynamiques et jeux contrapuntiques. Mais ses lectures fouillées et racées étaient unifiées avec une souplesse rare, au risque d’un certain sentimentalisme.

Avare de paroles, Claudio Abbado excella autant à l'opéra qu'au concert, et livra quelques disques extraordinaires. Son tout premier, gravé en 1967 pour la firme Deutsche Grammophon : le Concerto pour piano et orchestre n° 3 de Prokofiev avec Martha Argerich, fut suivi de dizaines d'autres, comme les Concertos de Bartók avec Maurizio Pollini, le Concerto n° 1 de Tchaïkovski avec Ivo Pogorelich, le Concerto pour violon et orchestre de Brahms avec Gil Shaham, des symphonies de Mahler tracées avec vigueur, netteté et ferveur. Ses Mozart, Beethoven et Bruckner étaient par contre dispensables. Mais l'Abbado des grands jours, érudit, sensible, raffiné, était l'égal des maîtres du passé.

Prison. Né le 26 juin 1933 à Milan, d'un père violoniste et d'une mère pianiste,