Il fallait tout d’abord y penser et, ensuite, l’oser. Sons d’hiver, festival du Val-de-Marne qui ne manque ni d’idées ni de convictions, a réuni deux pièces maîtresses de l’échiquier jazz français qui n’avaient croisé leur art que de manière informelle en tapant le bœuf à la campagne. Une entreprise pas si évidente, quand on connaît les spécificités et le parcours de l’un et de l’autre.
D’une part, la virtuosité légendaire de Martial Solal, toujours prompt au détournement - ne dit-on pas qu’il «solalise» tous les thèmes qu’il n’a de cesse de s’approprier ? - et dont l’œuvre kaléidoscopique brille par la multiplicité de ses complexes variations rythmiques. D’autre part, le champ défricheur de Bernard Lubat, poly-instrumentiste rompu à l’impro, provocateur de fructueux carambolages artistiques.
«Péripéties». A plusieurs reprises, Martial Solal est allé rendre visite à Bernard Lubat, à l'occasion de son festival estival en son fief gascon d'Uzeste (Gironde). Les deux fortes singularités de la note bleue européenne en profitaient parfois pour dialoguer, le premier au piano, le second à la batterie. Mais ce n'est que très récemment que Martial Solal découvre les talents insoupçonnés de pianiste de son cadet, qu'il avait associé depuis toujours au vibraphone et à la batterie. Témoin de leur évidente connivence, Fabien Barontini, directeur de Sons d'hiver, qui rôdait dans les parages à ce moment-là, imagine aussitôt cette grande première entre le