Les trois membres de Rivière noire accueillent sur un champ ésotérique : «alchimie», «interaction magique». Il est tentant en effet d'invoquer le surnaturel pour décrire la réussite de leur disque. Acoustique, aérien, d'une sérénité que la métaphore aquatique illustre bien. Une rivière paisible qui a pris tout son temps pour arriver jusqu'à nous.
Pour remonter à la source, il faut se projeter cinq ans en arrière. En 2009, Orlando Morais, qui partage sa vie entre Paris et le Brésil, où il est un artiste reconnu, parle avec Pascal Danaé, Guadeloupéen de la métropole, d'un projet autour de l'Afrique. Danaé pense à Jean Lamoot, homme de son qui a travaillé avec le Malien Salif Keïta. Ils passent le voir aux studios Ferber, dans le XXe arrondissement de Paris, et ce qui devait être une prise de contact devient tout autre chose : Orlando Morais et Pascal Danaé ont apporté leurs guitares, Jean Lamoot se met à la basse et ouvre les micros. «Au petit matin, explique Morais, nous avions fini trois morceaux, paroles et musique.» Lamoot renchérit : «Le lendemain, nous remettions ça avec trois autres titres.»
«C'est un moment comme on en vit une fois dans une carrière, ajoute Danaé. On n'a rien eu à expliquer, pas de grille d'accords pour démarrer, tout a été improvisé et s'est mis en place naturellement.» Cinq de ces six créations figurent sur Rivière noire, le disque du trio qui vient de paraître. «Nous aurions