Arnaud Baubérot, 44 ans, est maître de conférence en histoire et enseigne à l’université Paris-Est Créteil. Il co-organise, avec l’historienne Florence Tamagne, un séminaire sur «l’histoire sociale du rock», chaque mois, au Centre Mahler, à Paris.
Pourquoi, selon vous, Fauve a-t-il rencontré autant de succès en si peu de temps ?
Le rock est un élément de l’identité juvénile qui s’est constituée dans les années 60. C’est alors la naissance du transistor et de l’électrophone qui permettaient d’écouter de la musique de manière autonome. Il y a une forme d’identification entre les jeunes et les stars de rock qui incarnent cette identité juvénile. Le meilleur exemple en est Johnny Hallyday qui se faisait appeler «l’idole des jeunes». On a, avec Fauve, le principe de la star de rock qui devient porte-parole de «la» jeunesse.
Comment cette identification s’articule-t-elle ?
Ces stars de rock abordent ce que les jeunes conçoivent comme leurs préoccupations propres. Dans les années 60, les chansons du rock français parlent beaucoup de flirt au moment où la problématique de la jeunesse est l'accès à la sexualité. Plus tard, cela va être la thématique de la drogue, du mal-être, des difficultés d'insertion dans la société urbaine. A chaque fois, le public jeune éprouve le sentiment que les chanteurs de rock expriment des préoccupations qui leur sont propres. A travers ça, ce public a aussi le sentiment d'exister en tant que jeunesse, avec une identité commune. Par exemple, les Béruriers noirs qui chantent La jeunesse emmerde le Front national. Une partie d'une génération a le sentiment d'exister en tant que c