Même pas peur, juste le tournis. Ces gars-là pourraient être comme des lapins pris dans les phares ; piégés, tétanisés de se retrouver en haut de l'affiche indé. Les médias peuvent bien les propulser révélateur d'un mal-être existentialiste d'une jeunesse française. Les réseaux sociaux les adorer ou les abhorrer, is ne se sentent pas grand-chose. «On ne comprend pas ce qui nous arrive, on n'est rien, on est nus, mais peut-être qu'on n'est pas si nuls, non ?» s'interroge l'un d'eux. Un musicien : «Quand on a commencé, il y a trois ans, on a vraiment fait ça dans notre piaule façon thérapie, on était au plus bas. On s'est dit que personne n'écouterait notre déversoir : trop abrasif, trop malaisant, trop cru.»
On est à la Paloma, sublime scène de musiques actuelles de Nîmes où les Fauve se sont encagés voilà une semaine : en résidence avant la première date de la tournée, vendredi, à la veille de la sortie de leur premier album, ce lundi. Backstage, ils parlent et parlent encore. Refont leur histoire, les yeux écarquillés. Comme des intrus. «Attends, il y a pas un an, on a eu notre premier petit festival ; pour la première fois on nous payait le train, l'hôtel !» «T'imagine qu'en août, Thomas Mars, de Phoenix, nous a invités à boire du saké après leur concert ?»
L'année 2013 est passée en accéléré ; 2014 s'annonce en excès de vitesse. Pas dans la demi-mesure : noir ou blanc. Fauve, on aime ou on déteste, radicalement. A l'image de leurs paroles