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Libération
Lyrique

Une «Fiancée» modèle

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Créé en 1910, le western de Puccini est donné dans une production éblouissante à l’Opéra-Bastille.
Marco Berti (Dick Johnson) et Nina Stemme (Minnie). (Photo Opéra national de Paris. Charles Duprat )
publié le 5 février 2014 à 18h46

Bien que présenté au Palais-Garnier en 1912, dans le cadre d'une tournée de l'Opéra de Monte-Carlo, puis en 1969 à l'Opéra-Comique, la Fanciulla Del West de Puccini n'a fait son entrée officielle à l'Opéra de Paris que samedi soir. Créé en 1910 au Met de New York sous la baguette de Toscanini, ce fut pourtant le plus grand succès du compositeur de son vivant. Comment expliquer alors que Paris, où l'on a vu des dizaines de productions de la Bohème, Tosca et Madame Butterfly, ait si longtemps boudé cette Fiancée de l'Ouest ?

Bandit. La faiblesse de son intrigue, située à l'époque de la ruée vers l'or, ne saurait être la seule explication, d'autant que la partition et l'écriture vocale sont, elles, fabuleuses. Peut-être certains ont-ils imaginé le public français incapable d'appréhender la naïveté qui fait le charme de l'œuvre. Cela expliquerait que les spectateurs de Bastille ont hué la production à la fois candide et ironique de Nikolaus Lehnhoff, créée pour l'Opéra d'Amsterdam. Le metteur en scène allemand a transposé l'action dans le Wall Street puis la Californie des années 50. Préfigurant le genre western et notamment le Johnny Guitare de Nicholas Ray, cet opéra raconte l'histoire d'une tenancière de saloon aimée du shérif mais qui tombe amoureuse d'un bandit. Dès l'ouverture, on est captivé : Carlo Rizzi est un vrai chef de théâtre qui sait faire sonner et avancer un orchestre, en l'occurre