Que ce soit clair tout de suite, lecteur, ici on aime Cheveu depuis toujours. Depuis leur débarquement en 2008 avec un premier album sans titre mais dégoulinant de sueur qui remettait la rage garage-rock au centre des débats. Deux ans plus tard, le trio français formé par Etienne Nicolas, Olivier Demeaux et David Lemoine, qui a longtemps aimé se prendre pour un groupe américain -quitte à exister bien plus outre-Atlantique que chez eux- revenait avec Mille. C'était un disque composite, une bête à trois bras qui n'abandonnait rien du foutoir rugueux, mais s'éclairait aussi de cordes surprenantes et renouvelait l'inventivité de Cheveu dans la déconstruction des clichés du rock qui tâche.
Le groupe revient cette semaine pour prolonger et accélérer cette démarche. Dans Bum, Cheveu a tout changé sauf l'envie de ne pas se répéter. Quitte à chambouler un peu ses fans de la première heure, le groupe annonce la couleur dès l'ouverture du disque: Pirate Bay, qui s'élance sur fond de vagues paisibles, est une vraie chanson pop dominée par une guitare limpide et une batterie qui lorgne vers le froid électronique. Et cette basse cold wave? C'est presque de la synth pop ancrée eighties pendant une minute, avant qu'un pont malsain, comme sait en installer Cheveu, ne vienne recadrer le paysage. Puis, dans le dernier tiers du titre, c'est un synthé cos