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Willis Earl Beal, le sorcier du bord du lac

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Le chanteur américain Willis Earl Beal sort de nulle part. Il est grandiose, perdu, inspiré. Il a travaillé avec Cat Power. Et sinon ? Quelques détails sur les aventures de ce type hors norme.
Willis Earl Beal à Los Angeles, au printemps 2012. (Ben Pobjoy)
publié le 14 février 2014 à 15h42

#nofilter: l'expression, et son hashtag, ne vaut pas que pour les photos aux couleurs chatoyantes postées sur les réseaux sociaux. Elle s'applique aussi à la voix de Willis Earl Beal. Qui est méconnaissable d'un titre à l'autre, rauque, brute au sens où les trémolos, les faux effets de console, ne la guettent pas. On parle de Tom Waits à son propos. Willis lui-même s'était intitulé «the black Tom Waits». Il rejette désormais la référence reprise partout. «C'était stupide de ma part, regrette-t-il. Tom Waits est un artiste total et il m'inspire. Mais je ne veux pas être lui.»

Willis Earl Beal a 29 ans, une coupe de cheveux géométrique qui évoque Grace Jones et Otis Redding. Un jour il adopte un total look sombre qui lui donne une aura teintée de nostalgie, un autre il aura des poses de rocker, un autre encore on dirait un vieux rappeur des eighties. Sur scène, c'est la surprise totale à chaque apparition. Il aime le whisky, se roule par terre, porte des mitaines en cuir, des lunettes noires, un tee-shirt marqué d'un signe Nobody, le fil rouge de son deuxième album (Nobody knows). Il fait porter des masques aux membres de son groupe.

Du fin fond du pacifique nord

Sa musique est sombre, faite de tintement de verre, de guitare acoustique, de spoken words, d'élans mélodiques à la Cocorosie, de krautrock, de fièvre expérimentale, et d'une douceur parfois gospel que l'on qualifierait trop facilement de blues ou soul,