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portrait

Fabrice Di Falco, tonique soprano

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Origines italo-caraïbes et répertoire sang-mêlé, de Farinelli à Michael Jackson : le chanteur personnifie le métissage.
Fabrice di Falco. (photo Paul Rousteau)
publié le 16 février 2014 à 19h16

La veille, Fabrice Di Falco avait triomphé au Théâtre du Gymnase. Une nuit de sommeil plus tard, nous voilà au même endroit mais côté scène. C'est là, sur son territoire, que le chanteur a fixé rendez-vous. A la lueur d'un projecteur, la salle restant dans la pénombre, il prend place sur le tabouret du pianiste, tandis qu'on nous apporte une chaise dorée tendue de rouge, avec cet avertissement : «Vous la remettrez en coulisses quand vous aurez fini, elle fait partie du spectacle d'Arturo Brachetti.» Sueur froide : et si l'accessoire du transformiste italien était truqué, comme l'armoire à découper les femmes ? Le pose-fesses ne risque-t-il pas de nous expédier dans les cintres, ou vers une faille de l'espace-temps qui nous gardera prisonnier ? Ça s'est déjà vu.

De la magie, il y en avait lors du concert, le soir précédent. Elle émanait de cet homme à la peau dorée, fils d'une Martiniquaise et d'un Italien, et de sa voix difficile à décrire, mais qui porte un nom : «sopraniste». «C'est-à-dire une tessiture de femme chez un homme», définit Fabrice Di Falco. A ne pas confondre avec un haute-contre (ou contre-ténor), qui utilise un timbre de fausset, dit aussi voix de tête. L'oreille du profane fera difficilement le distinguo entre les deux, mais les hautes-contre courent (presque) les rues, alors que les sopranistes ne sont que quelques dizaines sur la planète.

Ces derniers sont recherchés car ils sont les plus aptes à recréer le répertoire des castrats, créatur