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Zé Luis, du bois dont on fait les hérauts

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A 60 ans, le menuisier cap-verdien prend peu à peu la place laissée vacante par Cesaria Evora.
La pochette de «Serenata». (Photo DR)
publié le 20 février 2014 à 19h36

Zé Luis aurait sans doute aimé vivre de la musique avant d’atteindre l’âge de la retraite. Mais l’avantage, c’est qu’il nous parvient en ayant accumulé un patrimoine inestimable : des centaines de chansons stockées dans le disque dur de sa mémoire, la plupart jamais éditées. Une véritable bibliothèque du savoir populaire du Cap-Vert, dont il est le dernier dépositaire. Et qu’il restitue avec une voix de miel et un délicieux abandon qui évoquent la reine de la morna, Cesaria Evora, disparue un an avant la parution de son premier disque.

Caillasses. Il y a quelques jours, à Aulnay-sous-Bois, en plein cœur des cités, il a rempli le Cap, salle fonctionnelle de 200 places. Dans le public : un mélange de compatriotes et de mélomanes curieux. Dans sa loge, il confie : «Mon métier est, encore aujourd'hui, la menuiserie et l'ébénisterie. Des instruments ? Non, je ne sais pas faire ça, mais je fabrique des chaises, des tables, des armoires, des lits et même des charpentes de maisons.»

Sodade, hymne de la morna qu'il intègre à son répertoire, a un rapport étroit avec sa propre vie. La chanson (dont la paternité a fait l'objet d'une bataille juridique) raconte l'exil quasiment forcé des Cap-Verdiens vers les îles Sao Tomé-et-Principe, dans le golfe de Guinée : poussés par la misère, ils allaient cultiver les fertiles terres volcaniques pour le compte des colons portugais. «J'étais bébé quand mes parents ont émigré, raconte-t