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Interview

Emmanuel Parent: «L’approche raciale de la musique a été portée par les Noirs eux-mêmes»

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La rumba cubaine a-t-elle un lien avec l’Afrique ? La musique noire est-elle sociale ou ethnique ? L’anthropologue démêle les pièces du puzzle à l’occasion d’une exposition à venir à la Cité de la musique.
Photo non datée du saxophoniste américain John Coltrane lors de son arrivée à l'aéroport d'Orly. (AFP)
publié le 28 février 2014 à 17h06
(mis à jour le 4 mars 2014 à 12h39)

Peut-on parler de musique noire ? En organisant l'exposition «Great Black Music» qui commence le 11 mars, la Cité de la musique ne prend-elle pas le risque de légitimer une conception «raciale» de la musique ? Emmanuel Parent, conseiller scientifique de la manifestation, reconnaît qu'il y a là un sujet potentiel de polémique, mais il persiste et signe. Explications de cet anthropologue, maître de conférences en musique et musicologie à l'université de Rennes, spécialiste des musiques afro-américaines.

Pourquoi une exposition consacrée à la musique noire ?

C'est à l'origine une initiative de la revue Mondomix, des journalistes proches des musiciens africains, américains et sud-américains. Dans cette communauté, la notion de musique noire n'est même pas un sujet de débat tant elle est naturelle, alors que pour les chercheurs ou la sphère publique, elle est plus problématique. L'équipe de Mondomix a simplement voulu rendre hommage à cette diversité musicale en en faisant l'une des grandes aventures artistiques du XXe siècle. Elle l'a fait en discutant, par exemple, avec le Brésilien Carlinhos Brown, qui voulait lui-même créer un «centre de la musique noire» à Salvador de Bahia. C'est certes une expo produite en France par des Blancs, mais elle a une histoire plus large : la première a eu lieu à Dakar, pui