La neige a recouvert Manhattan mais Bill de Blasio, le nouveau maire démocrate de New York, a choisi de déblayer Brooklyn en priorité. Résultat, le trafic est considérablement ralenti alors que l'on tente de rejoindre Alain Altinoglu. Arrivé il y a quelques jours avec la mezzo Nora Gubisch, dont il partage la vie depuis dix-huit ans, et leur fils Arthur, âgé de 8 ans, le chef d'orchestre français loue l'appartement d'une cantatrice célèbre sur Columbus Avenue. A 38 ans, c'est déjà un vieil habitué de la fosse d'orchestre du Metropolitan Opera, le plus important temple lyrique de la planète. Après y avoir triomphé dans Carmen, Faust et Otello, il s'apprête à y diriger le Werther de Massenet, avec le ténor Jonas Kaufmann dans le rôle-titre.
On se présente au réceptionniste de son immeuble et, après s'être assuré que l'on est bien attendu, il nous laisse monter. Alain Altinoglu est un chef tellement normal qu'il est insaisissable, peut-être parce qu'il reste avant tout un musicien. A peine entré, il nous fait écouter le nouveau disque qu'il a enregistré avec Nora Gubisch, et qui doit paraître au printemps. La voix corsée et sensuelle de la mezzo se plie magnifiquement à l'espagnol des Canciones populares de Manuel de Falla, à l'allemand des mélodies de Brahms, au sicilien, à l'arménien et à l'auvergnat des Folk Songs de Luciano Berio .
Alain Altinoglu, qui a dirigé les musiciens et accompagné Nora au piano, semble ravi que l'on appréci