Cet article a été réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».
L'occasion de Platée est une fête, son propos l'invention d'une forme (la comédie qui tourne en dérision les dieux et les hommes) et son argument une supercherie.
A la demande de Jupiter qui veut guérir sa femme Junon de sa jalousie maladive, Mercure et Cithéron trouvent la plus laide des nymphes et mettent tout en œuvre pour monter un faux mariage entre ce laideron de basse extraction et le grand dieu magnifique qui lance le tonnerre. Quand Junon découvrira l’affreuse Platée à la place de l’amante, elle sera prise de rire et guérie de ses soupçons ridicules.
Oui. C’est du moins l’argument premier. La fabrique d’une pièce comique assez cruelle pour avoir un effet thérapeutique sur une déesse un peu trop exclusive. Mais à voir l’interprétation de Marcel Beekman (Platée), fabuleuse, on peut se demander s’il ne s’agit pas de tout autre chose.
Ritz. La pièce est entièrement déplacée et comme versée du XVIIIe dans notre époque contemporaine. Dès le prologue, le miracle a lieu, les lumières acidulées qui baignent le cube d'aluminium qui enveloppe la scène nous l'indiquent : le vin s'est changé en cocktail. Plus chic. Bacchus porte la boucle d'oreille. La vigne grecque, le lieu champêtre, l'Olympe n'existent plus : nous sommes au Ritz. Au bar, au restaurant, dans une chambre luxueuse dotée d'un lit plus que king size. Les miroirs tapissent les murs, les chaises son