Défendu par une petite structure et un peu envoyé au casse-pipe dans le traditionnel embouteillage de la rentrée de septembre, Love Your Dum and Mad n'a pas cassé la baraque. Tout au plus quelques confrères britanniques ont-ils allumé la mèche («une de ces voix qui vous clouent au fauteuil et transcendent toute forme de cynisme et de lassitude», a écrit le Sunday Times), mais sans parvenir à mettre le feu pour autant.
Addiction. Aussi, entre autres motifs de gratitude (lire ci-dessous), doit-on être reconnaissant au festival Les femmes s'en mêlent d'instruire live le dossier Nadine Shah. Fût-ce six mois plus tard. A des fins pédagogiques, on stipulera que Nadine Shah est une musicienne et chanteuse basée à Londres, d'origines norvégienne (mère) et pakistanaise (père). Passées les manœuvres d'approche dans un club jazzy de la capitale britannique, elle marque ses premiers points en sortant deux EP qui lui valent divers avis laudatifs. Puis, sur les brisées d'iceux, ce Love Your Dum and Mad auquel on confesse une certaine addiction.
Ménageant ses effets dans des tonalités sombres, l'objet exhale un lyrisme bridé, traversé par une douleur plus proche de la colère que du geignement, y compris lorsque la garde semble baissée (le vibrant Dreary Town). Parfois majestueuse (les cinq minutes imparables de Runaway), mais aussi bouleversante, l'affaire, produite par Ben Hillier (Depeche M