Leur première rencontre remonte à presque dix ans. Daphné faisait la première partie de Jeanne Cherhal. C'était le troisième concert de sa carrière. Elle avait reçu un coup sur la tête. «J'étais comme une algue», se souvient-elle. Cherhal, elle, traînait ce soir-là une grippe carabinée. Une vraie catastrophe. Alors, pour se retrouver, elles ont choisi le très bobo-branché hôtel Amour, dans le IXe arrondissement de Paris. Pour se faire du bien. Aujourd'hui, Daphné a 39 ans, Jeanne Cherhal, 36 ans. Les deux viennent de sortir leur cinquième album (lire page 29). Et se succèdent à la Cigale, la première le 7 avril, et la seconde, dès ce soir. Mais elles ne portent pas le même parfum. Une sorte de romanesque rococo chez Daphné. Un truc plus contemporain, premier degré chez Cherhal. Ni en marge de la chanson française, ni vraiment au cœur, l'une (Daphné), plutôt solitaire, vit à Sète. L'autre (Cherhal), parisienne, aime l'idée de bande - en multipliant les duos (avec Vincent Delerm, Benjamin Biolay, Jérémie Kisling, Jacques Higelin, JP Nataf…), elle est aujourd'hui la partenaire presque idéale. Libération les a réunies pour échanger à partir de quelques mots jetés en pâture.
Le genre féminin
Jeanne Cherhal : Je suis toujours méfiante avec cette idée d'écriture féminine, de films de femmes, de festival de films de femmes… Je déteste que sur le plan artistique, on soit obligé de mettre cet aspect en exergue.
Daphné : D'abord, il