Il y a deux façons d’entendre la musique du Nigérien Mammane Sani, 63 ans, annoncé la semaine prochaine dans le cadre du festival Sonic Protest, qui s’élance ce soir en Ile-de-France et dans une douzaine de villes de France et d’Europe. La première est de se demander si la sortie, sous l’appellation de «musique électronique du Niger», de ses morceaux enregistrés dans les années 80 n’est pas le bout du chemin après dix bonnes années de rééditions exotisantes qui finissent par entretenir un filon émoussé. Mais on peut également se plonger dans cette musique en se disant qu’elle aussi mérite une distribution internationale. Les deux voies d’accès doivent probablement être abordées ensembles, car Mammane Sani et son orgue électronique intriguent assez pour s’y arrêter.
Extraterrestres. Les six titres réédités l'année dernière par le label américain Sahel Sounds, déjà auteur d'une compilation en deux volumes, Music From Saharan Cellphones, et d'une récente sortie consacrée aux fêtes électroniques balani du Mali, ont été exhumés d'un tas de cassettes stockées à Niamey. Ceux-ci ont dévoilé des mélodies répétitives et minimalistes, au rendu proche du mouvement 8-bit qui fabrique des hymnes à la façon des jeux vidéo des premiers temps. Mammane Sani bricolait visiblement ses morceaux instrumentaux avec les sons préprogrammés de son synthé ; mais cette façon de plaquer des accords longs sur des beats rachitiques et de broder autour des peti