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De la rue à l’underground

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Avant Ratking, plusieurs groupes de rap américains ont amorcé un changement de cap radical. La preuve en quatre albums .
Company Flow, «Funcrusher». (Photo DR)
publié le 7 avril 2014 à 18h06

C’est l’une des jonctions sonores les plus stimulantes des vingt dernières années. Entre la fin des années 90 et le milieu des années 2000, le hip-hop américain s’est détaché de toute posture venue de la rue et de toute attente commerciale pour plonger dans l’underground le plus libre et le plus créatif. Principalement portée depuis la côte Est par les labels Rawkus et Def Jux, mais également à la marge par Anticon, cette période faste a laissé une série de disques marquants avec lesquels le premier album de Ratking se connecte naturellement, comme on retrouve une âme sœur sans la connaître au milieu d’une foule.

Company Flow«Funcrusher Plus» (Rawkus, 1997)

Impeccable machine à démonter le hip-hop boulon par boulon, le trio formé par El-P, Bigg Jus et Mr. Len n'a publié que deux albums mais son influence se fait encore sentir. Malsain et minimaliste, Funcrusher Plus semblait avoir mâchouillé ses beats et ses samples de blues et n'en recracher que le noyau. Deux ans plus tard, l'instrumental Little Johnny From the Hospitul faisait résonner les visions cinématographiques et psychiatriques du trio.

Anti Pop Consortium«Tragic Epilogue» (75 Ark, 2000)

L'autre réponse de New York au rap de la côte Ouest, qui avait alors choisi la voie du cool avec, notamment, les sorties de Quannum Projects et Jurassic 5. Beans, High Priest, M. Sayyid et le producteur E. Blaize ont formé entre 2000 et 2002 (l'album Arrhythmia) un quartet quasi parfait, posant en maîtres des paroles abstraites et complexes sur une musique brisée en mille intentions, chaque fois comblée