Lisa Leblanc a le vent en poupe : elle s’apprête à remplir le Bataclan à Paris, moins de six mois après une Cigale déjà sold-out. Elle n’a pourtant que 23 ans, et un seul album à son actif. Mais sa voix rugueuse - qui combine à merveille son franc-parler avec les notes aigrelettes de son banjo-, son univers, entre dépression et autodérision, et la chaleur de ses concerts ont emballé le public, qui ne saisit pas toujours l’argot du Nouveau-Brunswick.
D’où venez-vous ?
Je suis née à Rosaireville, un hameau de 51 habitants, pas très loin de Moncton, la capitale du Nouveau-Brunswick. Musicalement, j’ai appris l’essentiel lors des veillées, sur la table de la cuisine : chacun apportait un instrument, des refrains, et toute la famille chantait en chœur.
Le français du Nouveau-Brunswick est-il très différent de celui du Québec ?
Quand on arrive au Québec, on nous identifie très vite comme Acadiens, par l’accent. Notre vocabulaire aussi est différent : nous avons un argot, le chial, équivalent du joual du Québec. Et on est plus perméables aux anglicismes, car entourés d’anglophones.
«Câlisse-moi», «calvaire», «ostie»… Avec ce vocabulaire, vos chansons passent-elles en radio au Canada francophone ?
Il y deux chansons vraiment trash dans mon disque, si vous n'écoutez que celles-là, vous aurez une drôle d'image de moi… Qu'une femme s'exprime ainsi est jugé choquant, mais les sacres [jurons, ndlr] me correspondent bien. Je dis ce que je pense et je suis habituée aux compagnies masculines.
Des reprises dans votre tournée actuelle ?
Je reprends souvent des tounes [chansons] acadiennes [de Louisiane]. Je fais aussi un titre de Karen Dalton, une chanteuse folk américaine qu'on n'a vraiment découverte qu'après sa mort