Lykke Li est connue pour une chanson qui ne lui ressemble pas: en 2011, I Follow Rivers, la ballade incantatoire issue de son deuxième album fut transformée en tube ondoyant et quasi générationnel par The Magician, un obscur DJ belge. écoulé à 1,2 million d'exemplaires à travers le monde, le remix a figuré, entre autres, sur les B.O. de la Vie d'Adèle et De rouille et d'os. Le succès n'a pas empêché Lykke Li de rester la même: discrète. Que sait-on d'elle? Elle porte un nom bizarre qui n'évoque pas forcément ses origines suédoises et ne cache pas son goût pour une esthétique sombre, presque mystique. Son troisième album, le ténébreux I Never Learn, semble accréditer l'hypothèse d'une artiste torturée. Mais ce serait réducteur: à 28 ans, Lykke Li s'avère plus cérébrale et complexe.
Indépendance
Dans le fastueux boutique-hôtel Ett Hem, Lykke Li est assise au milieu d’une véranda décorée au goût suédois: peaux de mouton, mobilier en bois clair, désordre de fleurs savamment orchestré. Toute de noir vêtue, la chanteuse fait plus chic que gothique. Col roulé, tailleur-pantalon, mocassins vernis, pas de maquillage. Quelques bijoux en or, aussi fins que ses articulations, des tatouages discrets – des formes simples sur le revers de la main. La sobriété de Lykke Li peut s’avérer intimidante, mais pas autant que son air profondément las.
Pendant deux ans et demi, la chanteuse a travaillé sans répit sur I Never Learn, épaulée p