«Un chef de favela brésilien à la coiffure extravagante du nom de Zé Mateo, un moine bouddhiste spécialisé dans l'euthanasie, alias Sly, et un gangster polonais de Long Beach près de Lyon, le bien connu High Ku.» Voilà pour les présentations officielles des membres de Chinese Man, réputés pour leurs samples grisants. Après dix années de doute quant à la véracité de ces biographies, on se décide enfin à tenter d'y voir plus clair dans ce pastis.
Le rendez-vous est fixé ni à Rio, ni à Delhi, ni même à Pékin. Matthieu, Sylvain et Jonathan se planquent dans la ville de Marseille, ce sont des trentenaires limite pâlichons, en comparaison du bronzage local. Mais des bons gars qui offrent un peu de leur temps, entre deux dates d'une tournée importante (lire ci-dessous). Si ces Chinese Man ont choisi un camouflage version (dé)bridée, c'est parce qu'ils aiment l'idée d'un collectif capable d'absorber chacune des individualités. Fausses bios, surnoms délirants, graphisme fantasque ne laissant aucune place à la photo : tout est fait pour entretenir le secret. «Lorsqu'on s'est lancés dans Chinese Man, on avait déjà renoncé à être musiciens et résolu nos problèmes d'ego. On n'a jamais eu envie de se mettre en avant, ni de devenir célèbres», affirme High Ku, casquette sur la tête. Ancien étudiant en sociologie, il applique les théories de Pierre Bourdieu et joue sur la distinction des produits culturels. Ainsi, le groupe prend-il à contre-pied la surmédiatisation