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Kaija Saariaho avec passion

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Le festival de Saint-Denis s’ouvre ce soir avec la création française de «la Passion de Simone», oratorio de la compositrice finlandaise évoquant la philosophe Simone Weil.
publié le 26 mai 2014 à 18h06

Novembre 2013 à Bratislava. La 12e édition de Melos-Ethos, le festival de musique contemporaine de la capitale slovaque, s'achève avec une création mondiale : la version de chambre de la Passion de Simone de Kaija Saariaho. Créé en 2006 aux Mozart Festwochen dans une version pour grand orchestre et chœur, cet oratorio évoque, en quinze «stations», le destin de la philosophe et activiste française Simone Weil. Communiste antistalinienne dès le début des années 30, ouvrière chez Renault par choix alors qu'elle a obtenu son agrégation à Normale Sup, engagée dans la Colonne Durrutti pendant la guerre civile espagnole, cette jeune bourgeoise découvre le christianisme, rejoint le Général de Gaulle à Londres, et s'y laisse mourir de faim et de tuberculose en 1943, par solidarité avec ses concitoyens.

Efficacité. Canonisée depuis comme une «sainte laïque», Simone Weil peut légitimement irriter par son socialisme mystique à la Péguy, son apologie insane et dangereuse de la «chasteté» et de la «pureté», son pacifisme niais qui l'a conduite à soutenir les accords de Munich, son ascétisme - qui, comme Nietszche nous l'a appris, est une ruse de la volonté de puissance retournée contre soi afin de culpabiliser les autres - et enfin l'antisémitisme suintant de ses livres et de sa correspondance, qui lui fit dire que les Juifs étant responsables de tous les malheurs du monde, il fallait les empêcher de se marier entr