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ROCK

Vince Taylor, retour de flamme noire

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Une biographie revisite la vie lunatique et le culte ténébreux d’un pionnier anglo-saxon d’adoption française qui reste comme un absolu voyou de la dévastation rock’n’roll.
Vince Taylor, le 29 septembre 1962 à La Haye (Pays-Bas). (Photo Koch Eric Anefo)
par BAYON
publié le 30 mai 2014 à 18h06

Les

attitudes

ont transporté le XIX

e

siècle anglais. La Sarah Berma du genre fut Lady Hamilton, semi-mondaine de haut vol, montée par la roulure du ruisseau à l’amiral Nelson éborgné, tombeur du boucher Bonaparte. Les fameuses

attitudes,

aussi fameuses qu’oubliées, mi-mime, mi-body art avant l’heure, consistaient à exprimer, statiquement et muettement, telle figure mythologique, allégorique, historique… Vulcain, Medusa, la Mort, Hannibal, l’Aurore…

Vince Taylor fut peut-être, pour le meilleur et le pire, un roi rock anachronique de cet art majeur du paraître disparu - dont Bowie serait une autre figure, arbitre de l'apparence élégante. Petit maître ancien du grand transformiste de Changes, Vince Taylor, hybride onduleux de Johnny Kidd à l'œil crevé (dont il tient son fleuron pirate Shakin'All Over) et de Gene Vincent, le mutilé cuirophile faf soûlard de Baby Blue, Vince Taylor, sourire d'idiot somnambule dostoïevskien qui jamais ne levait les yeux du micro qu'il démonisait, bombe sexuelle à fragmentation sonique paradoxalement introvertie, n'existe littéralement pas.

De son nom d'artiste, pour commencer, doublement inventé en alias de Brian Maurice Holden (1), Vince Taylor, Londonien grandi à Hollywood, s'est débaptisé ainsi d'après l'acteur nocturne de Celui qui n'existait pas, Robert Taylor, et la devise obscure d'une réclame de hasard, «In hoc vinces», «par là tu vaincras» - voire…