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Libération
Interview

«Ils se sentent rassurés par cette masse sonore informe»

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Infirmier en psychiatrie dans l’Ain, Vivian Grezzini propose à ses patients des concerts de «noise».
Dessin réalisé lors d'un atelier mené par Vivian Grezzini. (Photo DR)
publié le 24 juin 2014 à 18h06

Faire jouer des groupes de noise ou de grindcore dans un hôpital psychiatrique de Bourg-en-Bresse (Ain) : l'initiative fracassante revient à Vivian Grezzini, 25 ans, infirmier, qui depuis juin 2011 organise tous les mois un concert pour ses patients au long cours. Partant du constat que la vie hospitalière leur offrait peu d'espaces de liberté, le musicien et créateur du label de musiques bruyantes Underground Pollution Records a mis à profit ses contacts dans le milieu et explique sa démarche par mail.

A qui ces concerts sont-ils destinés ?

J’organise ces concerts dans une unité spécialisée dans le soin de personnes présentant des troubles envahissants du développement ou des troubles du spectre autistique. Des groupes du monde entier viennent jouer dans l’unité, comme l’artiste serbe Nundata, le Chilien 886VG ou les Japonais Sete Star Sept. Depuis juin 2011, 36 concerts ont eu lieu, et cela va continuer tous les mois. Le bouche à oreille fonctionne bien : je pars du principe de ne pas inviter les groupes mais les laisser me contacter. Le seul critère, être authentique : je ne veux surtout pas que les groupes viennent faire de l’édulcoré pour les patients. Il faut que cela reste brut et sincère.

Quel est l’objectif ?

L’axe majeur est la sociabilité : être en mesure de partager, ensemble, une activité. Tolérer l’autre, voire interagir avec lui. Observer les réactions, les dynamiques de groupes. Un autre axe, important, est de faire venir l’extérieur dans l’unité, décloisonner. Réinsuffler la vie dans un processus mortifère. Pou