Ça se passe aux enfers. Ou sous terre. Dans un laboratoire d'expériences sensorielles. Sur scène, de part et d'autre, un garçon qui dessine à la craie sur un tableau les fonds de scène (via une caméra et un projecteur), de l'autre une bruiteuse qui amplifie par moments les bruits de pas, les gestes des personnages (papiers froissés, bouteilles trinquées) : c'est la dépossession. Des effets sonores de tremblements sourds fréquents, comme si le métro passait loin sous la salle, ou des esprits frappeurs. Au milieu de la scène du Grand Théâtre de Provence, pour cette ouverture du Festival lyrique, un plateau suspendu par quatre câbles où marchent, grimpent, glissent, parfois attachés, les personnages, image de l'instabilité primordiale de la vie. Sous le plateau, des néons glauques et, au sol, de la terre, du charbon. Hypothèse archéologique, comme l'explique le metteur en scène britannique Simon McBurney dans la note d'intention du programme. L'autre inspiration, dit-il, c'est la Tempête de Shakespeare, ambiance rocheuse et désolation.
Pyrotechnie. En contrepoint à cette noirceur, une débauche d'idées réenchantantes : des feuilles de papier agitées pour figurer des oiseaux, les pitreries de Papageno (vêtu en ramoneur tyrolo-beckettien) avec deux poireaux et des bouteilles de vin - dans une scène ajoutée, ce qui rajoute aux parties non chantées de cette Flûte, intégralement conservées -, une pyrotechnie avec trois bouts de b