Le gigantesque site du parc des expositions de Rotterdam fait penser à un aéroport. A partir d’une allée centrale, on peut embarquer pour une des douze salles (toutes couvertes) de concert, de la plus grande (le Nile, 12 000 places) aux petits lieux pour quelques dizaines d’amateurs. Ce qui fait l’originalité du North Sea Jazz Festival, c’est cette possibilité de passer en 5 minutes du gigantisme à l’intimisme.
Créé en 1975 à La Haye, l’événement s’est déplacé dans cette enclave du port de Rotterdam en 2006. Le week-end dernier, l’affiche du NSJF proposait Pharrell Williams, Stevie Wonder, Outkast, Chic, Bootsy Collins, Al Jarreau, Dr John… Et pour le jazz proprement dit, Brad Mehldau, Jason Moran, John Scofield, Gregory Porter, Pharoah Sanders, Chucho Valdés, Martial Solal et des dizaines d’autres. Le tout en trois journées, de 17 heures à 1 heure du matin. Quelque 25 000 spectateurs par soir, et tous les forfaits étaient vendus bien avant l’ouverture, vendredi.
Pharrell Williams fait-il du jazz ? Non, bien sûr. De la soul ? Non plus. Mais l'ouverture sur toutes les musiques noires donne droit de cité au r'n'b commercial, dont le producteur chanteur est aujourd'hui le numéro 1 mondial, grâce à ses cartons de 2013 : Get Lucky de Daft Punk et Blurred Lines de Robin Thicke, auxquels il a participé, et son propre hit Happy. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'artiste ne s'est pas ruiné pour monter sa tournée : des projections anodines en g