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Libération
Les chemins de la liberté (5)

Taj Mahal Travellers : gamme over

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S’affranchissant des règles comme des notes, les Japonais de Taj Mahal Travellers menèrent dans les années 70 une expérience de musique concrète basée sur le ressenti.
(Photo Takao Takeshige. DR)
publié le 16 juillet 2014 à 18h06

Dans le monde de la pop ou assimilé, les chemins de la liberté ont souvent ressemblé à ce que le collectif allemand Amon Düül a rodé au tournant des années 60 et 70 : on met une quinzaine de non-musiciens dans une pièce, on leur donne des guitares et des tambourins, on les charge en amphétamines ou, plus ambitieux, en LSD-25, et on enregistre ce qui survient, non sans s’être prudemment mis à bonne distance.

Apparus au Japon au tout début des années 70, les Taj Mahal Travellers demeurent sans doute la seule formation dont on conserve des traces enregistrées à avoir non seulement fonctionné à l’inverse - c’est-à-dire sous l’empire d’une rigueur d’exécution quasi militaire -, mais aussi à avoir étendu la révolution sur tous les plans : conditions d’écoute, lieu, interaction - inexistante dans l’idéal - entre les musiciens, et manière d’utiliser les instruments. Ryo Koike jouait de sa contrebasse couché sur le sol, comme un tapir attaquant une fourmilière. Pour les instruments eux-mêmes, Michihiro Kimura a passé les cinq années d’existence du groupe à entrechoquer des cailloux de tailles diverses, à secouer des branches d’arbre et à tenter d’imiter vocalement ce qui allait devenir l’instrument-maître du grand architecte des Taj Mahal Travellers, Takehisa Kosugi : les modulateurs en anneaux.

Visuellement, chaque musicien balançait entre le futen (le mot japonais pour hippie), l'étudiant attardé et le chevrier rentrant de deux mois d'estive. Conceptuellement, l'affaire deme