Dans le monde de la pop ou assimilé, les chemins de la liberté ont souvent ressemblé à ce que le collectif allemand Amon Düül a rodé au tournant des années 60 et 70 : on met une quinzaine de non-musiciens dans une pièce, on leur donne des guitares et des tambourins, on les charge en amphétamines ou, plus ambitieux, en LSD-25, et on enregistre ce qui survient, non sans s’être prudemment mis à bonne distance.
Apparus au Japon au tout début des années 70, les Taj Mahal Travellers demeurent sans doute la seule formation dont on conserve des traces enregistrées à avoir non seulement fonctionné à l’inverse - c’est-à-dire sous l’empire d’une rigueur d’exécution quasi militaire -, mais aussi à avoir étendu la révolution sur tous les plans : conditions d’écoute, lieu, interaction - inexistante dans l’idéal - entre les musiciens, et manière d’utiliser les instruments. Ryo Koike jouait de sa contrebasse couché sur le sol, comme un tapir attaquant une fourmilière. Pour les instruments eux-mêmes, Michihiro Kimura a passé les cinq années d’existence du groupe à entrechoquer des cailloux de tailles diverses, à secouer des branches d’arbre et à tenter d’imiter vocalement ce qui allait devenir l’instrument-maître du grand architecte des Taj Mahal Travellers, Takehisa Kosugi : les modulateurs en anneaux.
Visuellement, chaque musicien balançait entre le futen (le mot japonais pour hippie), l'étudiant attardé et le chevrier rentrant de deux mois d'estive. Conceptuellement, l'affaire deme