Mathi et Mathi, nommé ainsi d'après le nom Mathias divisé en deux,«un qui doute et un qui s'impose», éclaire le sujet à l'ordre du jour de la merde intégrale.
Qu’est-ce que ça vous fait, de ressasser le gros mot ?
J'imagine qu'on parle de C'est d'la merde. Alors, déjà, il faut savoir que mon cerveau fonctionne par idées fixes, bref, je suis en boucle, en loop depuis dix ou vingt ans. J'imagine qu'on peut appeler ça de la sidération. Lorsque je dis le gros mot en boucle, j'essaie de reproduire fidèlement mon cerveau sidéré. La sidération est une des phases, la première, je crois, du processus de deuil. Là où celui qui a perdu son objet d'amour (ou de haine) répète en boucle : «Cela n'est pas possible.» Comme tout le monde, je traîne des deuils multiples, intérieurs et sociaux, donc c'était l'occasion. Notons aussi que je suis un lecteur assidu de Thomas Bernhard, qui passe l'essentiel de ses bouquins à ruminer. Le gros mot en boucle serait l'impression fidèle de mon cerveau ruminant.
Comment ça vous a pris ?
Je compose en marchant. Là, j'allais chercher une nouvelle paire de lunettes à Saint-Ouen - édifiant. Je me retrouve rue Edouard-Vaillant, devant une Renault Espace à vendre. J'ai pensé un moment acheter cette voiture, visiblement là pour signifier l'évasion. Par cette voiture il m'était offert de m'évader de quelques situations merdiques. Comme mon premier réflexe est celui de lâcheté (et non de l'acheter - la Renault Espace), mon esprit a dévié vers la contemplation onaniste et mélancolique de ma situation noircie, celle qu