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Rock

Wovenhand, mortification sonique

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La nouvelle concoction de l’illuminé du Colorado en écoute : incandescence et ravissements noirs.
David Eugene Edwards, leader de Wovenhand en 2014. (Photo Erwin Verstappen)
par BAYON
publié le 30 juillet 2014 à 19h26

Il y a du teutonique chez Wovenhand (ou David Eugene Edwards, alias Sixteen Horsepower). Ivre de puissance sonique, de mysticisme, tout rock héroïque, cuirassé de guitares sulpiciennes soulevées en montagnes par une foi ardente, galvanisé d’évangiles détraqués des premiers âges, ivre de sang, de rage de dévastation amérindienne, de spoliation pionnière au nom de Dieu et de son rock…

C'est une éternelle messe, noire comme le sang, ce sont litanies de fous barbus illuminés dans le désert, sabbats gaéliques de fantômes de quakers déracinés délirant leurs oraisons ineptes, très fatigantes mais, bon Dieu, poignantes coûte que coûte, de haute lige shout, pleines d'étrange beauté électrogène clamée.

A douter (à peine) si le rock, d’Elvis ange convulsionnaire à Bashung rampant dans les mégots gainés de lézard, en passant par Vince Taylor aux ravissements d’idiot cuirophile ou Ian Curtis implorant le fracassage salvifique, yeux révulsés et nuque cassée, n’est pas que cela… Cette nostalgie de nostalgie d’extase archangélique abrutie, emportant le corps et l’âme.

Foudre. Les Rolling Stones de Sympathy For the Devil ou surtout Gimme Shelter ont parfois atteint à cette transe shuffle soufflante, dans leurs états les plus sauvages, leurs sabbats de têtes de boucs saumâtrement vaudoues. Comme leurs tombeurs Creedence Clearwater Revival en phase incantatoire Bootleg Bootleg ou Keep on Chooglin pur bayou de fièvr