Dans la corne d’abondance qui se réactive chaque été pendant trois semaines dans l’enceinte de sa bastide, Marciac sort toujours de son profus chapeau de ces inouïs bonheurs à charmer la nuit gersoise. Même un soir d’orage. Samedi soir, blotti dans le confort de la belle salle contemporaine de l’Astrada, dont l’acoustique fait merveille, on ne se rendit même pas compte de l’averse, pourtant assez copieuse pour disperser avant l’heure les couche-tard.
Pour ce concert complet des semaines à l'avance (avec même une liste d'attente), Jazz in Marciac (JIM au court) a confié carte blanche à Michel Portal. Mais ce n'est pas en leader imposant son répertoire à ses invités que le clarinettiste entend jouer de cette mission. Car si Bojan Z et Vincent Peirani sont de la partie, c'est avant tout pour le musicien, qui maîtrise aussi bien le saxophone que le bandonéon dans les idiomes jazz et classique, une histoire d'affection et d'atomes crochus : «L'idée est de réunir des amis pour partager nos musiques et échanger en toute confiance», souligne Portal. Et la set-list est bel et bien composite des trois signatures, matières transformables et inflammables au gré des fluides. Une conception mobiliste où les rôles se complètent, s'inversent, jusqu'à chercher la provocation. Celle que Michel Portal, Basque anxieux mais ô combien radieux, recherche dans ces confrontations parfois mordantes mais toujours pacifiques.
Champ libre. De leur complicité jaillissent des pics