C’est un vendredi après-midi, dans la moiteur persistante du Caire à la fin de l’été. Dans le quartier d’Imbaba, les imitations Vespa croisent des charrettes tirées par des ânes émaciés. Dans les entrailles de la petite ville, au pied d’immenses immeubles en briquettes rouges, des youyous et des éclats de rires sont couverts par une musique psychédélique.
Au détour d’une ruelle, c’est une explosion de couleurs. Il suffit de lever la tête : suspendues aux fenêtres où des jeunes femmes se pressent, des dizaines de couvertures tapissent le ciel de couleurs tendres. C’est derrière l’un de ces rideaux, sur une estrade en bois de plusieurs mètres, que les regards aguicheurs des demoiselles se portent. Il est 15 heures, Imbaba fête ce qu’on appelle «la cérémonie du mobilier» précédant les noces de futurs mariés.
Mais ce banal bal populaire se transforme vite en teknival déjanté sous les coups de clavier déchaînés d'Islam Said, alias Chipsy. Il est né ici, avant de devenir une figure du mouvement musical electro-chaabi, une frénésie lancée pour dynamiter les mariages en mêlant techno acide et chant revendicatif, qui a explosé en même temps que la révolution égyptienne de 2011 (lire ici). Islam Chipsy a sorti un album il y a quelques semaines, Live at the Cairo High Cinema Institute, et se produira pour la première fois en France aux Transmusica