Le goût de Flip Grater vient insensiblement au secret, à l'usage. Question d'intimité, de mélancolie douce, de féminité, paysage trouble, tessiture froissée, timbre brisé familier, entre Mazzy Star et Broken English, affaire de lenteur, de distance, de charme lourd et de spleen amoureux, étrangeté dérivante de Nouvelle-Zélande binaire du Tertre.
D'entrée, la montée de pathos chavire, la chanteuse à la voix d'âme grise confie des langueurs exilées sur l'air du singe blanc «cold turkey» de l'imagerie, Embarquement pour Cythère d'une Ophélie country folk dérivante : c'est le flash tiède The Quit : «Jamais, je n'aurais pu imaginer que ce serait si long de décrocher…» A l'autre bout, le manifeste clot sur un duo de rupture impossible, à la Regrets : To the Devil, dernière valse où des amants désunis comme tous, se houspillent l'un l'autre, en Kills érotiques mornes : «Pourquoi ne me parles-tu plus ? Pourquoi ne me serres-tu jamais contre toi ?»
Entre les deux, si l'on peut dire, neuf ballades lysergiques poignantes comme des adieux, parentes des plages lascives d'Elysian Fields starring Jennifer Charles, ou approchant Julee «Lynch» Cruise oubliée. Des arrangements se défont, s'étirant, s'évasant sur l'air d'Exit Sign ouHyde and Seek. Des guitares noisy s'enflamment en Diggin' for the Devil.
Western. L'ombre bleutée de lady Marianne et Lucy Jordan passe là,