Régis Campo n'a pas volé sa réputation de franc-tireur du contemporain. A quelques jours de la création mondiale de son adaptation lyrique du Quai Ouest de Bernard-Marie Koltès, il se prend moins au sérieux que jamais ; à se demander s'il est véritablement français : «On n'arrête pas de se prendre la tête avec le metteur en scène, Kristian Frédric, mais j'aime bien ça, c'est très Koltès, donnant-donnant. Tiens, regarde…» dit-il, montrant une vidéo sur son téléphone portable. On y voit ledit Frédric arpenter l'opéra de Strasbourg en aboyant frénétiquement, à l'attention des comédiens et chanteurs.
Si l'on se méfie de l'opéra, depuis qu'il est tombé entre les mains de petits gestionnaires cyniques et de voyous sensationnalistes, on veut bien faire une exception pour Campo dont le premier essai, Quatre Jumelles d'après Copi, donnait aux personnages l'occasion de chanter «salope, salope, passe-moi la seringue». D'autant que Campo a composé quelques pièces instrumentales parmi les plus belles de ces dernières années, à savoir Pop Art qui emprunte à Stravinski et Steve Reich, et Lumen où l'on reconnaît l'influence de Sibélius, Britten et Morton Feldman, même si Campo affirme facétieusement que ce sont ces derniers qui l'ont pillé : «Je leur envoie même des SMS pour leur demander d'arrêter de me copier.»
Clown. Bon sang marseillais ne saurait mentir, et l'on ne sera pas surpris d'appr