La fille de Nina Simone s'ignorait. Jusqu'à réaliser enfin son premier album personnel. Après bien des méandres, All Is Well («Tout est bien») résonne non seulement de ce timbre puissant et soul mais révèle aussi la personnalité épanouie et généreuse de Lisa Simone, fille unique de l'icône jazz écorchée, en lutte contre les préjugés raciaux aux Etats-Unis dans les années 60, et dont l'empreinte musicale est indélébile. Tout comme celle d'une vie tourmentée dont Lisa soustrait enfin le poids, en paix, sa quête aboutie.
La chanteuse, qui s'était concentrée dans un premier temps sur le répertoire de sa mère après avoir occupé les scènes des comédies musicales de Broadway, a terminé en cinq jours de studio (lire ci-contre) le premier disque sous son nom. «Ce disque est le fruit d'une longue maturation. Il a mis des années pour naître. Je me rends compte aujourd'hui, alors que l'objet s'est enfin matérialisé avec mes chansons personnelles, que je n'étais pas prête auparavant pour partager mes histoires, mes sentiments, ma vie», confie Lisa Simone.
Née Lisa Stroud en 1962 (quatre ans après My Baby Just Cares for Me), la chanteuse n'a pas suivi d'emblée ce chemin vocal qui aurait pu sembler tout tracé. Elle se destinait plutôt à une carrière d'avocate, mais c'est dans l'US Air Force qu'elle passera (sans conviction) onze années de sa vie avant de céder enfin à l'appel du chant. «J'ai décidé de faire de ma voix un métier à l'âge de 28 ans, quand