Difficile d'imaginer aujourd'hui la popularité des chansons marseillaises d'avant-guerre. Dans les années 30, les opérettes signées Vincent Scotto et Sarvil, chantées par Alibert ou Fernandel, triomphaient à Paris, et furent adaptées au cinéma : Un de la Canebière, Trois de la Marine… «Dans le sillage de la trilogie de Pagnol, la vie marseillaise est devenue à la mode : le pastis, la pétanque…» explique Tatou, alias Moussu T (Monsieur T en provençal), qui avec le groupe Lei Jovents consacre un album savoureux à ce répertoire.
La formation née en 2005 compte deux membres des Massilia Sound System (MSS), Tatou au chant et Blú à la guitare et au banjo. Plus acoustique et moins orienté ragga que MSS, le groupe se passionne pour le creuset musical phocéen, qui mêle héritage provençal, influences des populations immigrées et rythmes d’outremer apportés par les marins.
Pour Opérette, le déclic est venu en 2008, quand on demande à Moussu T e Lei Jovents de participer à un hommage à Claude McKay, un intellectuel d'origine jamaïquaine, figure de la Harlem Renaissance à New York. Son séjour à Marseille lui a inspiré en 1929 le roman Banjo (1). «L'influence du swing et du jazz, apportés par les Afro-Américains, est nette dans la chanson marseillaise, du moins dans celles que nous avons choisies», poursuit Tatou. Pour lui, Dans ma petite calanque, Adieu Venise provençale ou Autour de la corniche témoignent de «la vie du peu