Gilberto Gil et João Gilberto sont tous deux originaires de Bahia. Ils sont l’avers et le revers d’une même pièce, l’un empathique et charmeur, l’autre cloîtré et maniaco-dépressif. João Gilberto, 83 ans, est la grande figure de la bossa nova, son plus célèbre interprète. C’est par admiration pour lui que Gil s’est mis à la guitare en 1961.
Ce dernier paie aujourd'hui son tribut à son célèbre aîné avec un album, Gilbertos Samba (l'intersection de leurs deux noms), reprenant une dizaine des titres fameux (de divers compositeurs) interprétés par João : Aos Pés da Cruz, O Pato, Desfinado, Doralice. Le CD a les mêmes qualités que le tour de chant actuel : finesse et limpidité.
L'idée de ce disque, confie Gilberto Gil dans un français toujours excellent, est née il y a trois ans. «J'étais chez les Aborigènes, en Australie, pour le tournage du documentaire Viramundo [de Pierre-Yves Borgeaud, ndlr]. Le soir, je rentrais à l'hôtel et jouais un peu de guitare. Les chansons qui me venaient naturellement, c'étaient des choses comme Aos Pés da Cruz ou O Pato, des titres déjà chantés par João. D'où le projet de consacrer un album entier à son répertoire.»
Gilberto G. a bien évidemment envoyé son disque à João, mais il n’a eu aucun retour à ce jour. Pas étonnant, ce dernier vit depuis des années en reclus dans son appartement de Leblon, quartier chic de Rio. Il voit très peu de monde, a annulé ses derniers concerts sans préav