En ce mois d'octobre, le Brésil dépêche en France son ambassadeur le plus charmant, le plus sensible, le plus accompli. Si, ce lundi soir au Châtelet (Paris Ier), Gilberto Gil est dans l'état de grâce qu'il a connu lundi dernier à Lyon pour la première date de sa tournée européenne, alors le concert promet d'être mémorable.
Avec les années, Gil, qui en a déjà vécu 72, s’est dépouillé, décanté, bonifié. Il est parvenu à un stade où son art est tout en limpidité. Où, seul avec une guitare et sa voix, il est capable de scotcher une salle de 2 100 places (le bel auditorium de Lyon a dû refuser du monde) le temps de quelques chansons douces. C’est une magie fragile, qui ne tient pas seulement aux impressionnantes qualités d’instrumentiste et de chanteur de l’intéressé : faire tomber du ciel tant d’harmonie en interprétant des sambas et bossas mille fois entendues exige sérénité et assurance absolues, ainsi qu’un brin de surnaturel.
Dictature. Pas sûr que notre saint laïc puisse faire ce genre de miracles tous les soirs, mais sait-on jamais. Lundi dernier, le Bahianais a débarqué à Lyon fort détendu. Il arrivait d'une semaine passée à Genève chez son ami Paulo Coelho. Avant cela, il avait seulement participé à un concert d'hommage (au compositeur João Donato, qui a eu 80 ans en août) à Montreux. Cette nouvelle tournée, Gil dit la faire «pour le plaisir», pour renouer avec la Vieille Europe et ses charmes. L'ancien ministre de