Le jour où nous l’avons rencontré à Paris, Koudlam avait la bouche pâteuse et l’esprit confus des lendemains compliqués. Un état idéal pour parler de sa virée à Benidorm.
Besoin de voyager pour composer ?
Pas forcément. Je pense qu’on peut être enfermé dans un petit jardin et créer. Je pense à Emily Dickinson, qui a vécu toute sa vie au même endroit. Toute son imagination venait de l’observation d’un microcosme. Ça favorise aussi l’imagination. La majeure partie du temps, je travaille comme un nerd enfermé dans une cave, à la lumière des néons.
Pourquoi Benidorm, alors ?
J'avais commencé des morceaux après Goodbye et je cherchais un nouveau cadre. Deux potes m'ont parlé de Benidorm : «Tu devrais y aller, c'est l'eldorado !» Je suis allé voir, et je me suis dit que c'était un endroit propice pour raconter une histoire. A l'époque, on faisait pas mal de trucs avec Cyprien Gaillard et on était dans un imaginaire à base de tours et de ruines. Benidorm, c'est ça : une hallucination incroyable, un champ de tours au milieu d'une espèce de côte sauvage. Une vision de science-fiction. Je pense que n'importe qui se prend une claque quand il voit ça.
Quelle est l’ambiance ?
Cette ville, c’est le pire du pire en Espagne, surtout le quartier anglais, emblématique. C’est le quartier des sex shows, hyper bizarre et en même temps hyper familial, où tu croises des familles qui poussent leur landau à 1 heure du mat’ pour bercer leur gamin devant des strip-teaseuses et des nains. Moi, après, j’étais plutôt un peu en retrait. J’aime bien entendre au loin le bruit