Le leader du groupe marseillais IAM sort début novembre son cinquième album,
Je suis en vie
. Pionnier du rap français à la fin des années 80, il a également assisté à l’émergence du rap américain à New York. A 46 ans, dont plus de vingt années dans le milieu du hip-hop, il reste engagé et en contact avec la rue.
Dans «Je suis en vie», on retrouve des ambiances qui évoquent vos premiers albums en solo. C’est un glissement réfléchi?
Non, mais c’est ce que tout le monde dit. C’est peut-être parce que je suis à nouveau détendu, comme je pouvais l’être à cette époque. J’ai passé des années difficiles, parce que j’avais perdu des gens ou simplement parce que j’ai fait une dépression. Je n’étais pas prêt à être aussi connu. Maintenant, j’ai intégré tout ça.
Pensez-vous que ça a affecté votre musique?
Oui, toute la musique que j'ai faite dans les années 2000, parce que je n’étais pas bien.
Vous êtes engagé et votre musique l’a toujours été, mais peut-on vraiment parler de «rap conscient»?
Pfffff… Ça veut dire qu’il y aurait du rap inconscient? Il ne faut pas dire «rap», mais «personne» engagée ou consciente. Avec IAM, on fait des textes conscients, mais ça ne nous empêche pas de dire des conneries -et on en a dit. Je dirais plutôt musique engagée, comme le faisaient Brassens ou Ferré. Mais on est des gentils à côté d’eux. C’est vrai que la variété consciente, elle, est rare ces derniers temps. Ont-ils peur pour leurs salaires, peut-être? Je pense que oui.
Pourtant, en écoutant certains titres de «Je suis en vie», on a l’impression que vous ne croyez plus au militantisme.
Je suis né dans une époque militante, mais aujourd’hui on dit aux gamins: «L’assimilation c’est bien. La culture de vos parents, elle est bien sympa, bien gentille, mais bon c’est valable en Afrique n’est ce pas?» Donc les gamins grandissent avec l’envie de consommer, sont persuadés qu’êt