Menu
Libération
Interview

Akhenaton «Le rap, ce sera mieux demain»

Article réservé aux abonnés
Hip-hop . A l’occasion de la sortie prochaine de «Je suis en vie», son cinquième album solo, Akhenaton, le leader d’IAM, commente l’évolution de son travail, les propos d’Eric Zemmour et la notion de militantisme.
publié le 23 octobre 2014 à 19h46

Le leader du groupe marseillais IAM, Akhenaton, sort début novembre son cinquième album, Je suis en vie. Pionnier du rap français à la fin des années 80, il a également assisté à l'émergence du rap américain à New York. A 46 ans, dont plus de vingt années passées dans le milieu du hip-hop, il reste engagé et en contact avec la rue. Rencontre la semaine dernière dans un hôtel parisien.

Vous êtes engagé et votre musique l’a toujours été, peut-on parler de «rap conscient» ?

Pfff… Ça veut dire qu’il y aurait du rap inconscient ? Il ne faut pas dire «rap», mais «personne engagée ou consciente». Avec IAM, on fait des textes conscients mais ça ne nous empêche pas de dire des conneries - et on en a dit. Je dirais plutôt musique engagée, comme le faisaient Brassens ou Ferré. Mais on est des gentils à côté d’eux. C’est vrai que la variété consciente, elle, est rare ces derniers temps. Ont-ils peur pour leurs salaires peut-être ? Je pense que oui.

Pourtant, en écoutant certains titres de Je suis en vie, on a l’impression que vous ne croyez plus au militantisme…

Je suis né dans une époque militante mais aujourd'hui on dit aux gamins : «L'assimilation c'est bien. La culture de vos parents, elle est bien sympa, bien gentille mais bon c'est valable en Afrique, n'est-ce pas ?» Donc les gamins grandissent avec l'envie de consommer, sont persuadés qu'être quelqu'un, c'est avoir une belle fille à son bras, louer des voitures dont on ne pourrait même pas se payer le cent millième et faire le tour du pâté de maison à 130 km/h. C'est du vécu, la bouche m'en reste bée. Et quand ils sont perdus et qu'on leur dit qu'ils ne peuvent pas devenir français parce que ce sont des délinquant