Le leader du groupe marseillais IAM, Akhenaton, sort début novembre son cinquième album, Je suis en vie. Pionnier du rap français à la fin des années 80, il a également assisté à l'émergence du rap américain à New York. A 46 ans, dont plus de vingt années passées dans le milieu du hip-hop, il reste engagé et en contact avec la rue. Rencontre la semaine dernière dans un hôtel parisien.
Vous êtes engagé et votre musique l’a toujours été, peut-on parler de «rap conscient» ?
Pfff… Ça veut dire qu’il y aurait du rap inconscient ? Il ne faut pas dire «rap», mais «personne engagée ou consciente». Avec IAM, on fait des textes conscients mais ça ne nous empêche pas de dire des conneries - et on en a dit. Je dirais plutôt musique engagée, comme le faisaient Brassens ou Ferré. Mais on est des gentils à côté d’eux. C’est vrai que la variété consciente, elle, est rare ces derniers temps. Ont-ils peur pour leurs salaires peut-être ? Je pense que oui.
Pourtant, en écoutant certains titres de Je suis en vie, on a l’impression que vous ne croyez plus au militantisme…
Je suis né dans une époque militante mais aujourd'hui on dit aux gamins : «L'assimilation c'est bien. La culture de vos parents, elle est bien sympa, bien gentille mais bon c'est valable en Afrique, n'est-ce pas ?» Donc les gamins grandissent avec l'envie de consommer, sont persuadés qu'être quelqu'un, c'est avoir une belle fille à son bras, louer des voitures dont on ne pourrait même pas se payer le cent millième et faire le tour du pâté de maison à 130 km/h. C'est du vécu, la bouche m'en reste bée. Et quand ils sont perdus et qu'on leur dit qu'ils ne peuvent pas devenir français parce que ce sont des délinquant