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Libération
Interview

«Le succès, c’est le pire truc qui pourrait m’arriver»

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Le discret musicien se livre, bien que rétif à l’exercice promotionnel:
Jean-Louis Murat, 60 ans, publie son 15e album en 30 ans. (Photo Julien Mignot)
publié le 23 octobre 2014 à 20h16

Pour l'intervieweur, Jean-Louis Murat peut figurer, s'il est mal luné ou trouve «connes» les questions proposées, l'ours auvergnat mal léché dans lequel il peut se plaire à se caricaturer. Ou bien a contrario un individu au parler certes cash, mais singulier.

Vous ne goûtez guère l’exercice promotionnel…

Quand tu donnes sept interviews dans la journée, qu’à un moment t’en as marre, que la pensée se relâche et que tu commences à avoir un langage pas très châtié, ces «dérapages» sont repris. Comme dans les bêtisiers à la télé. Donc, oui, je me méfie. Je ne suis pas un homme politique ni un intellectuel, j’aime bien le débraillé tout en aimant à la fois la rigueur. Mais les interviews me saisissent toujours dans le débraillé.

Est-ce parce que ce service avant-vente vous dégoûte ?

Non, car je suis pragmatique. En langue française, le marché est très resserré. Je suis quasiment tout le temps en dessous du seuil de rentabilité pour tous mes disques. Donc le passage par la case média est obligé. Mais je fais le minimum de télé car souvent c’est un traquenard. D’ailleurs, pour beaucoup de gens, je suis le mec qui fait son numéro dans le poste.

Vous êtes un peu plus que ça, quand même !

J’essaie de faire le grand écart entre une qualité française de la langue et une musique qui n’est pas auvergnate, bretonne ou picarde. Je suis un colon, le larbin de la culture américaine, le cheval de Troie de ce qui nous tue. J’aime la musique californienne mais je déteste la Californie. J’ai cette schizophrénie d’être à la fois possédé par la culture américaine et une culture d’expression française. Marier Robert Johnson et François