Il est 21 heures à l'Avery Fisher Hall de Manhattan. Galvanisé par une interprétation très lisztienne du rondo de la Sonate n° 11 de Mozart, le public se lève d'un bond en hurlant, avant d'applaudir. Qui eût parié sur un concert Mozart donné par Lang Lang, avec le New York Philharmonic et son directeur musical, Alan Gilbert ? Et pourtant, quelle leçon de style dans l'ouverture de la Flûte enchantée, quel raffinement chambriste dans les concertos n° 17 en sol majeur et n° 24 en do mineur. Si Lang Lang s'est fait une spécialité des tubes pyrotechniques du romantisme tardif, son Mozart anguleux et incisif nous a captivé, et comblé en offrant un n° 24 d'une rare poésie.
Le secret de cette entente inattendue ? Cela fait seize ans que le pianiste et le chef partagent, bon an mal an, la même scène. Quant aux remarquables hautboïste et clarinettiste solo du New York Philharmonic, ils ont souvent joué avec Lang Lang durant leurs études au Curtis Institute de Philadelphie. Ces deux concertos, Lang Lang vient d'en publier un enregistrement avec le Philharmonique de Vienne et le chef Nikolaus Harnoncourt. Intitulé The Mozart Album, le double CD offre également les sonates n° 4, n° 5 et n° 8, captées au Royal Albert Hall en novembre 2013.
«Canari». Enregistrer avec l'artisan majeur de la révolution musicologique baroque n'est pas anodin, mais Lang Lang étant assailli en coulisses,