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Oui, les bootlegs existaient avant les «Basement Tapes» de Dylan

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Des opéras de New York au début du siècle dernier aux enregistrements recalés de Judy Garland en 1950, l'histoire des disques officieux était déjà longue quand les démos cultes de Dylan ont fuité en 1969.
Les bootlegs reprennent le nom donné à la circulation illégale d'alcool pendant la prohibition. (Images DR)
publié le 4 novembre 2014 à 15h55

Cette collection de chansons n'a pas spécialement besoin de ça pour valoir une écoute, mais un argument commercial revient sans cesse pour présenter les Basement Tapes de Bob Dylan, dont le onzième et dernier volume paraît enfin : il s'agirait du premier bootleg de l'histoire. En réalité, le bootleg, c'est-à-dire la distribution d'un enregistrement de musique non officiel, avait déjà une longue histoire en 1969, quand Dub Taylor et Ken Douglas ont sorti le Great White Wonder, la première publication des Basement Tapes.

Dès le début du XXe siècle, les premières machines qui permettent de graver des cylindres de cire, notamment celles de la firme italienne Bettini, donnent naissance à des enregistrements hors commerce. En 1901, le «père du bootleg» (le nom de la pratique reprend celui de la vente d'alcool sous le manteau pendant la prohibition), Lionel Mapleson, était bibliothécaire au Metropolitan Opera de New York quand il a commencé à enregistrer des concerts depuis le trou du souffleur situé sous la scène.

Il s'en fit finalement déloger parce que le pavillon proéminent relié à l'aiguille de gravure gênait la vue de certains spectateurs, mais continua malgré tout son office jusqu'en 1903, relégué plus loin sur le côté de la scène. Mapleson a ainsi laissé une grosse centaine de cylindres d'une qualité très inégale - certains sont à peine audibles -, qui forment l'un des rares témoignages sonores sur l'art lyrique du début du XX