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Conchita Wurst, la cantatrice barbue

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Sur scène au Crazy Horse, ce chanteur travesti, gagnant de l’Eurovision, réinvente le stéréotype de la femme à barbe.
Conchita Wurst. (Photo Jérôme Bonnet pour Libération)
publié le 6 novembre 2014 à 17h26

On se souvient de ce soir de mai. On s’est surpris à allumer la télévision, tellement les réseaux sociaux pianotaient d’admiration pour une Autrichienne. Ce qui, historiquement, en France, n’est pas si courant. On n’avait jamais regardé le concours de l’Eurovision et on s’est retrouvé scotché par Conchita Wurst. L’émotion de l’artiste vainqueur était communicative. Mais ce qui faisait vraiment plaisir, c’était le choix du public. A force d’entendre dire que la «majorité silencieuse» a peur de tout, on en était arrivé à ne plus trop savoir où et, surtout, avec qui on habitait en Europe. Ce soir-là, les appels surtaxés nous donnaient une première réponse. Le «peuple» célébrait, en mondiovision, une femme à barbe, un homosexuel travesti.

Evidemment, cela n’a pas manqué. De Christine Boutin à un obscur député russe, tout ce que notre continent compte de tartuffes et de dévotes est monté dans les aigus de l’indignation. Conchita Wurst n’en a cure. Elle a gagné, la vie est merveilleuse.

En novembre, l'artiste est invitée à chanter au Crazy Horse, à Paris. Elle succède à Dita Von Teese ou à Noémie Lenoir. Blanca Li s'occupe de la chorégraphie. Jean Paul Gaultier lui taille un costume et affirme qu'il l'«adore». Louboutin fournit les chaussures. Pierre et Gilles la prennent en photo. Autour d'elle, les noms brillent. Tout semble prêt pour que Conchita Wurst passe de phénomène d'un soir à vraie star.

On la retrouve dans les sous-sols capitonnés du cabaret parisien. Elle est ass