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disparition

Manitas de Plata passe la main

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De son vrai nom Ricardo Baliardo, le guitariste gitan est mort mercredi à 93 ans. Brocardé par les puristes, il aura marqué le flamenco.
Manitas de Plata à Paris, le 23 juin 1983. (Photo Dominique Faget. AFP)
publié le 6 novembre 2014 à 19h36

New York, le 24 novembre 1965. Un musicien français remplit le prestigieux Carnegie Hall, près de 3 000 sièges, temple du classique et du jazz. La demande est telle qu’un nouveau concert est programmé le 4 décembre. Et un autre le 18. Comment un guitariste gitan de Montpellier, analphabète et qui n’est pas une vedette dans son pays, a-t-il réussi pareil exploit ?

On peine aujourd’hui à imaginer ce que fut le succès planétaire de Manitas de Plata, qui s’est éteint, mercredi, dans une maison de retraite de Montpellier, à l’âge respectable de 93 ans. Son importance dans l’histoire de la musique populaire est double : il a fait connaître la guitare flamenca à un vaste public de non-initiés, avant d’ouvrir la voie à ses enfants, neveux et petits-enfants réunis au sein de Gypsy Kings.

Il a aussi été, aux côtés du Cubain Pérez Prado ou de la Péruvienne Yma Sumac, un pionnier de ce qu’on n’appelait pas encore la world music.

Malentendu. Ricardo Baliardo a vu le jour le 7 août 1921 à Sète (Hérault), comme le veut la tradition de son peuple : dans une roulotte. Gitans d'origine espagnole, ses parents étaient nés en France. Gustave, dit «Chocolat», le père, à la Belle de Mai à Marseille. Sa profession : tondeur de chiens. «Il se promenait dans les rues de Sète en faisant claquer ses grands ciseaux», témoigne son fils dans une autobiographie dictée au journaliste Jean Boissieu (1). La mère, Antoinette, venait d'un village près de Montpellier.