Si la mort de Manitas de Plata a été commentée par la majorité des médias français, il n’en va pas de même en Espagne, où aucun des sites des grands journaux n’avait donné la nouvelle jeudi soir, même en bref. Le gitan de Montpellier était très peu connu dans le pays d’origine de ses parents (et de sa musique), contrairement à ses héritiers, les Gypsy Kings.
Bernard Leblon, un des meilleurs spécialistes du flamenco en France (1), se souvient d'avoir écouté Manitas de Plata dans les années 50 au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. «A l'époque, témoigne-t-il, la musique qui s'y jouait était un flamenco plutôt traditionnel. Qui a été balayé en quelques années par la rumba venue de Barcelone.»
Contrairement au flamenco, dont elle est un parent lointain, la rumba gitane, apparue à la fin des années 50, ne nécessite aucune initiation. Elle est la bande-son du boom économique de l'Espagne de Franco, adossé au tourisme de masse. Guy Bertrand, musicien et producteur lié à la carrière de Tekameli, groupe de rumba gitane de Perpignan, voit dans Manitas un pionnier du genre : «Il s'est fait connaître au début de la rumba et y a participé. Il a développé des systèmes rythmiques qu'on va retrouver ensuite chez d'autres musiciens.» Pour Bernard Leblon, la musique de Manitas et son titre-matrice, Moritas Moras, tient du tanguillo joué à Cadix et qui a une forte parenté avec la rumba.
Le guitariste disparu a-t-il pour autant imprimé une marque qui lui