Séparer l'inséparable, commettre l'irréparable ? On a bien failli s'en mordre les doigts à vouloir interroger Brigitte en deux temps (et presque trois mouvements). Elles sont pourtant deux dans ce même corps soudé, Sylvie Hoarau et Aurélie Saada. Sur le cuir carmin d'une banquette de l'hôtel Amour, quartier Pigalle, l'une succède à l'autre, déstabilisantes l'une comme l'autre. Brigitte secoue par son effet miroir : perruque à frange d'actualité, façon ombré dégradé ; rouge à lèvres intense et sans nuance ; col roulé pourpre assorti de son sigle crocodile ; fuseau noir ajusté - le tout étant scrupuleusement reproduit à l'identique. Ces drôles de dames s'étonnent de notre exercice de dislocation, tant elles ont œuvré pour qu'on les confonde. «C'est très étrange de répondre sans Sylvie, d'habitude on ne fait jamais rien sans que l'autre ne soit là ! s'exclame Aurélie Saada, qui s'est assise dans la diagonale, au cas où le fantôme de son double aurait envie de se joindre à nous. Les gens passaient leur temps à nous comparer : la blonde avec des fleurs dans les cheveux versus la brune à lunettes. Au contraire, on trouvait qu'on se ressemblait beaucoup, alors, aujourd'hui, on montre qu'on est les mêmes !»
Derrière ce dédoublement tantôt fascinant tantôt angoissant, rythmique comme un pattern de batterie, le costume rassure parce qu'il évite la mise à nu. Ainsi, dès que la question s'éloigne du projet musical et vient frôler l'intime, Sylvie Hoarau se braque :