Ce n’est jamais une mauvaise idée de faire un détour par les studios pour comprendre la musique. C’est là qu’on peut tomber, par exemple, sur le producteur américain Tom Moulton, 73 ans, qui fut dans les années 70 un acteur essentiel de la transformation de la soul en autre chose, une musique qui s’est mise à couler sans s’arrêter pendant des heures, des nuits entières, offerte aux danseurs par des DJ qui devenaient chaque jour un peu plus sculpteurs de son et un peu moins passeurs de disques : le disco. Sans Tom Moulton, pas de version longue qui dépasse les trois minutes allouées par la radio, pas de chansons enchaînées en club ou en disque.
C’est aussi lui qui a eu l’idée de graver un unique morceau sur une face de vinyle habituellement utilisée pour accueillir la moitié d’un album, une petite révolution qui a eu la conséquence imprévue de pousser chaque élément du son en avant et d’envelopper les fêtards d’alors dans une musique bien plus présente.
Figure culte mais méconnue, Tom Moulton nous a accordé un entretien à l'occasion de la sortie d'un livre encyclopédique consacré aux pochettes des années disco, dont il signe la préface. Mais l'impact de son travail dépasse largement les seules seventies : en pensant le son pour la danse, Tom Moulton a ouvert la voie à la révolution musicale d'après, celle de la house music. «Je ne faisais pas de la musique disco, nous a-t-il expliqué, voi