Dans quelque temps, une fois qu'une réelle tristesse et le choc d'une disparition aussi soudaine à 37 ans auront reflué et qu'il s'agira d'évoquer l'Anglais Nick Talbot, alias Gravenhurst, dont la mort a été annoncée jeudi par son label, Warp, sans plus d'informations sur les causes, on se souviendra d'un moment. C'était en 2007 au Café de la danse, une salle du quartier de la Bastille, à Paris. On avait vu débarquer sur scène un type à lunettes, chemise bien droite et raie au milieu ; une allure de prof d'anglais rondouillard qui, ce soir-là, a définitivement changé de catégorie à nos yeux en reprenant Diane, une chanson écrite dans les années 90 par le trio américain Hüsker Dü.
C’est une chanson totalement sordide, qui raconte la virée d’un violeur et meurtrier qui cherche à embarquer une jeune fille faisant de l’auto-stop. Ce soir-là, Nick Talbot l’avait chantée avec tellement de douceur mêlée de noirceur qu’il faisait peur, habitait totalement la mélodie captivante et nous faisait comprendre frontalement que la musique était pour lui l’exutoire de ses angoisses de gars qui a peur que le monde ne l’étouffe.
Cynique. Au fil de cinq albums somptueux entre 2001 et 2012 et auparavant au sein du groupe Assembly, le natif de Bristol se sera longtemps débattu. Cette première aventure s'est achevée sur un drame - la mort du bassiste -, laissant Nick Talbot en rase campagne avec son besoin d'écrire de la musique. C'est ce qu'il a fait à