La scène minuscule ne laisse place qu’à un piano et quelques accessoires, mais chaque soir, face aux 50 chaises de velours rouge, le miracle se reproduit : le public retourne un siècle en arrière, époque Yvette Guilbert. Le spectacle que Nathalie Joly consacre à la chanteuse des années folles revient pour la troisième fois à la Vieille Grille, l’un des rares lieux à Paris qui reste fidèle à l’ambiance des cabarets d’antan.
Quand il a repris une cave à vin du quartier Mouffetard en 1959, Maurice Alezra a inventé un concept : le café-théâtre. Romain Bouteille, qui y a débuté, s’en inspirera pour fonder le Café de la gare. La Vieille Grille est alors le laboratoire du spectacle anticonformiste : le trio Higelin, Brigitte Fontaine et Areski s’y fait connaître, on vient applaudir Anne Sylvestre, Steve Waring ou Zouc. Dans la cave au sous-sol, se produisent Archie Shepp et Colette Magny.
En 2000, le patron décide de confier les clés à Anne Quesemand et Laurent Berman, dont la compagnie, le Théâtre à bretelles, est une habituée des lieux. Le couple y propose ses créations et invite des spectacles : théâtre musical, poésie, jeune public, chanson latino, culture yiddish. L'exigence artistique guide les choix, pas le potentiel commercial. «C'est le luxe du pauvre», lance aujourd'hui Anne Quesemand.
Mais les gérants lancent actuellement un cri d'alarme. Depuis que leur compagnie n'est plus subventionnée par le ministère de la Culture, la Vieille Grille ne peut compter que sur la