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Libération
Lyrique

«Don Giovanni», coïts et doubles à la Monnaie

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A Bruxelles, Krzysztof Warlikowski signe une mise en abîme fumeuse de l’opéra de Mozart.
Andreas Wolf, Barbara Hannigan, Sir Willard White et Jean-Sébastien Bou. (Photo De Munt. La Monnaie)
publié le 15 décembre 2014 à 19h16

C’est une expérience de laboratoire. Méthode Warlikowski normale. Des personnages jetés sur Terre comme une malédiction, séparés les uns des autres, dont le metteur en scène testerait les valences chimiques pour voir ce que leur mélange produit. Ils sont introduits par des portes à tambour, se dérobent dans des vestiaires roulants comme autant d’ingrédients. Le décor unique évoque à la fois le hall d’hôtel (attente infinie) et la salle d’opération porno-chic. Choc des atomes, irrésolution permanente.

Autant le dire, ce Don Giovanni est une expérience assez insatisfaisante. Le premier acte n'en finit plus, chaque récitatif est scrupuleusement mis en scène, chaque parole sursignifiée, ça soupire à l'entracte. Un peu mieux au second. Beaucoup d'éléments de mise en scène semblent mis là pour emberlificoter le spectateur («T'as compris le truc avec la Noire et le Ku Klux Klan ? - Non, j'ai même trouvé ça un peu embarrassant…»).

Marionnette. La musique n'arrange rien. Direction sans grâce, cuivres de fanfare. Mais l'insatisfaction, évidemment, ce n'est pas rien. On ne peut pas dire que ce Don Giovanni ne laisse pas d'images, de sensations, de traces. Visuellement, au moins, lumineusement, par un miroitement incessant des situations et des murs, à la fois au sens propre et aussi par un dédoublement des personnages tiré du texte (deux Commandeurs, deux Don Giovanni) et appuyé par un système de filmage qui projette à l'é